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Colloque "Statuts ambigus : loi, esclavage et liberté dans le monde atlantique"


3 - 7 novembre 2009

UNICAMP, Campinas, SP, Brésil

 


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Ce colloque, mis en œuvre dans le cadre de l’Année de la France au Brésil, s’inscrit dans la continuité d’une recherche internationale menée conjointement par :
-    le programme d’étude comparée des législations de l’esclavage du Projet EURESCL - 7e PCRD auquel participe le Centre international de recherche sur les esclavages et les traites (France-CNRS et EHESS-CRBC),
-    le programme de recherche du CECULT (Brésil-UNICAMP) sur les législations du travail esclave et libre dans l’Empire portugais et au Brésil,
-    le projet « Law in Slavery and Freedom » de l’Université du Michigan (département d’histoire, faculté de droit et Institut pour les humanités).

 


 



Il vise à étudier de manière comparative le statut des personnes dans les sociétés esclavagistes ou post-esclavagistes lorsque les frontières se brouillent entre liberté et esclavage. C’est le cas des diverses situations de marronnage, des manumissions dans leurs multiples modalités, des remises en esclavages de personnes affranchies ou voyageant d’un pays à l’autre et rencontrant des législations différentes sur la traite ou la captivité, des abolitions progressives multipliant les statuts transitoires, des superpositions du travail esclave, du travail contraint (colonato, etc.), des différentes catégories d’émigration de travail, du travail libre.  Au delà des législations qui semblent formaliser de manière rigoureuse les différents types de statuts et des contrats qui les mettent en œuvre (achat et vente d’esclaves, manumissions, transmissions par héritage, testaments, etc.), les archives des procès intentés pour confirmer ou infirmer une situation spécifique montrent que la loi et les administrations ont les plus grandes difficultés à définir les différentes catégories en jeu et à expliciter leur signification juridique ou administrative. Ils laissent supposer que les désignations raciales et sociales se substituent souvent aux statuts juridiques pour inscrire les personnes dans les différentes catégories dominées ou dominantes. Ils permettent de faire l’hypothèse que le « statut » cache en fait un processus instable de conflits/négociations dans l’espace public qui, à certains moments mais pas toujours, prend appui sur des désignations administrativement ou juridiquement formalisées. Les différents types d’identités assumées ou imposées à une personne à un moment donné de son existence dans une société esclavagiste ou post-esclavagiste paraissent, dès lors, être la résultante de divers consensus ou divergences : sociaux (opinion publique), administratifs ou contractuels (actes écrits), juridiques (procès).

Les travaux menés par les trois équipes de recherche concernées par ce projet visent à éclairer ces situations ambigües en associant des approches qui, jusqu’ici, sont restées disjointes : droit du travail et droit de l’esclavage, histoire sociale des conflits juridiques, micro-histoire de personnes ou de groupes sociaux restreints (familles, households) dans les sociétés esclavagistes ou post-esclavagistes, études nationales et études des circulations internationales (en particulier dans le monde atlantique).